
La fin du Hackathon planétaire, the Global Hack ouvre la porte du monde de demain.
12.000 participants issus de 98 pays différents ont planché en ligne pendant 48 heures d’affilée pour pour trouver des solutions efficaces face à la pandémie de Covid-19. Les équipes ont réuni des cultures et expertises différentes allant de la Norvège à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, en passant par le Tchad, l’Algérie et tant d’autres… Avec parfois des escadrons répartis sur trois fuseaux horaires différents, HackThe Crisis, le Hackathon mondial qui vient de s’achever ce dimanche 12 avril, a réuni virtuellement des équipes du monde entier. « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait ». La citation de Mark Twain, tombe à point pour ce projet qui a été monté en un rien de temps par une poignée de trentenaires déterminés.
Kai Isand, jeune Estonienne, cofondatrice de l’événement témoigne : “Il y a trente jours, quand nous avons lancé notre propre hackathon #HacktheCrisis en Estonie, nous n’avions pas imaginé que nous allions créer un mouvement mondial.”Elle ajoute; “Ce que nous avons réussi à accomplir va bien au-delà de toutes nos attentes. Cela semble presque surréel.” Le co-fondateur de l’événement, Calum Cameron, lui, s’est donné la mission d’embarquer un nombre suffisamment important de participants pour avoir un impact déterminant à l’échèle de la planète. « Cette crise a déclenché un véritable mouvement mondial qui n’appartient à personne et auquel tout le monde peut participer ». Il poursuit : « dans le monde entier des personnes confinées collaborent à grande échelle avec des outils issus de l’univers des start-ups. Ils utilisent les méthodes de l’expérimentation rapide grâce au prototypage d’idées. Ils se sont rendu compte qu’ils étaient en mesure de résoudre les problèmes du monde réel. Or habituellement, ce sont les gouvernements qui en assurent la gestion. Les citoyens découvrent qu’en étant connectés leurs idées n’ont pas de frontières ».
Le soutien de l’ONU et de la Commission Européenne, ont contribué à la réussite de cet événement hors normes. Sans oublier leur armée de leaders et mentors, le soutien de médias internationaux, et l’engagement d’une équipe d’une centaine de volontaires dont 40 au sein du QG eux-mêmes confinés aux quatre coins du monde et qui ont consacré des centaines d’heures pour que ce hackathon voit le jour.
C’est SunCrafter qui a remporté la première place du podium. Cette solution de désinfection par ultraviolet alimentée par de l’énergie solaire permet à chaque être humain de se protéger pendant cette crise sanitaire. Cette solution d’asepsie est pensée pour être inclusive et accessible pour tout le monde. La station de désinfection propose une solution d’assainissement complète. Elle offre un accès facile, abordable à la désinfection des mains, aidant ainsi à réduire la propagation des virus comme le Covid-19. Nous voulons essayer notre système au Ghana, travailler avec des camps de réfugiés et diffuser notre technologie dans les espaces publics » précise Florian Heep membre de l’équipe lauréate.
Médaille d’argent, Act On Crisis, offre un service de soutien émotionnel sécurisé adapté à la culture de chacun. Parmi les 3 milliards d’individus confinés actuellement, 360.000 millions souffrent d’anxiété, un chiffre que les vagues de licenciements risquent d’augmenter. Act On Crisis veux soutenir 4500 personnes par semaine. La plateforme va proposer des échanges en visio conférence avec des professionnels pour lutter contre le désarroi et la solitude.
Material Mapper remporte la troisième place. Cette solution propose de recycler les déchets de construction au sein même des bâtiments au lieux de les acheminer dans les décharges car 40 % des déchets mondiaux proviennent du bâtiment. Selon les nouvelles réglementations européennes, 70% des matériaux utilisés dans les nouveaux bâtiments doivent être réutilisés. Les entreprises de construction ne savent pas comment avoir accès à du matériel de construction réutilisable car les municipalités n’ont souvent les bonnes informations qui sont éparpillées dans différentes bases de données. L’industrie du bâtiment doit se conformer aux nouvelles régulations. Il revient aux municipalités d’offrir les outils nécessaires pour suivre ces régulations et d’empêcher que le gâchis de matériaux réutilisables n’encombre des décharges. Jusqu’à présent, il n’existait pas de solution viable à ce problème.
Il y a quatre semaines, ce mouvement était au stade de l’idée. Nous nous sommes demandé si nous pouvions rassembler des acteurs de changement issus du monde entier venant aussi bien du secteur public que privé afin de co-créer des solutions pour faire face à la crise du COVID-19. Aujourd’hui, je suis impressionnée par le résultat,” conclue Kai Isand.
Le secret du succès réside dans la grande complémentarité et le professionnalisme de l’équipe, constituée de quarante personnes au QG et d’une centaine de bénévoles à travers le globe. Calum Cameron termine avec ses mots : « nous pouvons façonner le monde d’après, tous ensemble nous pouvons changer la donne ! Le premier Hackathon qui s’est déroulé le 13 mars en Estonie a été suivi par une cinquantaine d’autres dans différents pays. Si on comptabilise l’ensemble, on arrive à une mobilisation globale de plus de 20.000 personnes à travers la planète. Une réussite porteuse de lendemains nourris d’optimisme et d’espoir car ils relayent des solutions concrètes. Si on considère les trois projets lauréats comme des signaux faibles esquissant les valeurs qui font consensus actuellement aux quatre coins du monde : on a d’abord l’asepsie et l’hygiène individuelle pour se protéger du coronavirus, puis la prise en compte de la santé mentale de la population confinée comme une priorité médico-sociale et ensuite l’environnement. Il y a de grandes chances pour que ces trois sujets représentent les préoccupations du moment des citoyens de tous les pays. Pour celles et ceux qui travaillent sur l’« empowerment » citoyen, ce hackathon est un cas d’école incontournable !
Violaine Champetier de Ribes
Auteure et conférencière
Co-Auteur de « Demain tous estoniens ? »